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C’est avec stupéfaction et colère que le Conseil fédéral de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ-QPAT) ont pris connaissance du nouveau dépôt patronal sectoriel global qui précise les intentions patronales concernant les négociations pour le renouvellement des conventions collectives nationales.

Or, le contenu de cette proposition témoigne d’une absence totale d’écoute des problématiques soulevées par les enseignantes et enseignants de la part de la partie patronale. Pire, la FSE estime qu’il y a jusqu’à un recul sur quelques éléments à la marge qui étaient en discussion depuis janvier dernier et qui semblaient convenus. « Nous pensions avoir avancé et que ce dépôt nous offrirait des signaux encourageants. Ce qu’on constate plutôt, c’est que nous sommes conviés à un exercice de compressions sur le dos des enseignants et de l’ensemble des élèves, y compris les plus vulnérables. C’est de la provocation », a précisé la présidente de la FSE, Josée Scalabrini.

En faire beaucoup plus avec vraiment moins

Plusieurs éléments de la demande patronale, une fois précisés, confirment les craintes de la FSE quant aux attaques directes qui sont faites à l’ensemble de la tâche du personnel enseignant et aux services aux élèves. Essentiellement, pour compenser toutes les coupes, les enseignantes et enseignants seraient appelés à en faire beaucoup plus, mais avec beaucoup moins de ressources.

Ratios : Sans qu’elle précise davantage ses intentions, ce sont 153 M$ que la partie patronale veut maintenant dégager en augmentant et en modulant la taille de certains groupes, de même qu’en augmentant le nombre moyen d’élèves de toutes les classes. Bien que la partie patronale affirme vouloir réinvestir cette somme ailleurs, la FSE se permet de douter ouvertement, car elle ne voit tout simplement pas, à partir des demandes patronales, où un tel montant serait réinvesti puisqu’il n’est question que de réduction de services partout.

Élèves en difficulté : La partie patronale précise que la plupart des mesures pour les élèves en difficulté existant dans le contrat de travail actuel des enseignantes et enseignants doivent maintenant être négociées l’une contre l’autre pour rester dans la convention. Elle insiste particulièrement pour mettre fin à la valeur pondérée des élèves en difficulté dans la classe (pondération à priori), en plus de vouloir retirer les définitions des catégories d’élèves qui servent de repère à tout le personnel enseignant. À sa face même, cet exercice en est un de compressions dans les services existants. Nous sommes franchement loin de l’amélioration des services aux élèves en difficulté réclamée par la FSE et l’APEQ.

Tâche : La partie patronale fait complètement fi de l’augmentation de la tâche des enseignantes et enseignants qui découlerait d’une augmentation du nombre d’élèves par classe, qu’ils soient ou non en difficulté, et qu’ils reçoivent ou non des services. Par exemple, en plus de vouloir augmenter la présence à l’école, on irait même jusqu’à refuser de reconnaître le travail effectué durant les pauses entre les cours. Pour la FSE et l’APEQ, c’est là un mépris inacceptable pour le travail du personnel enseignant.

Enseignantes et enseignants précaires ou en situation de vulnérabilité : En précisant ses intentions, la partie patronale continue de s’en prendre aux enseignantes et enseignants précaires et invalides, en plus de vouloir maintenir notre relève dans la précarité encore plus longtemps.

« Nous ne souhaitons pas négocier sur la place publique, mais ce que nous constatons actuellement, c’est qu’il s’agit de moins en moins de négociation et de plus en plus de compressions que le gouvernement veut imposer au réseau et qui vont affecter directement la tâche des enseignants et, conséquemment, les services aux élèves. Il est important de le dénoncer », a déclaré le président de l’APEQ, M. Richard Goldfinch.

Le gouvernement cherche-t-il la confrontation ?

L’absence de volonté pour négocier qui se manifeste dans ce dépôt patronal fait en sorte que la FSE s’interroge sur les motifs du gouvernement. « Avec ce dépôt méprisant qui nous ramène près de la case départ, on est en droit de se demander si le gouvernement cherche une confrontation ou un règlement. Or, ce que les enseignants veulent, c’est un règlement qui améliore réellement leurs conditions de travail, les conditions d’apprentissage des élèves et l’éducation au Québec. Cependant, rien, absolument rien de ces demandes n’améliore les services aux élèves ou n’allège la tâche des enseignants. Ce dépôt ne sert qu’à déguiser des compressions en semblant de négociations. Le gouvernement doit faire un examen de conscience et donner de vrais mandats pour négocier », ont conclu les représentants syndicaux.

Rappelons que la FSE et l’APEQ négocient depuis janvier, et que près de 60 rencontres de négociation ont eu lieu sur les matières dites sectorielles seulement, c’est-à-dire spécifiques au travail des enseignantes et enseignants. Les questions du salaire, de la retraite et des assurances, notamment, sont négociées par le Front commun dont font partie la FSE (CSQ) et l’APEQ.